Photo: Château de Sully sur Loire(Loiret)...et Patrick ! 

 Dimanche 18 Juin : Sully sur Loire / Combleux (Orléans)

Cette nuit, la muse de l’inspiration, sans doute aidée en cela par la date historique de ce jour ‘sans appel’, est venu me chatouiller les doigts de pieds. Et, levé bien avant potron-minet, je suis allé m’asseoir sans bruit au bord du soleil levant ; j’ai trempé ma plume dans l’onde fertile du fleuve séculaire de l’imaginaire ou plutôt, devrais-je dire, de la triste réalité de l’histoire : c’était hier.

J’ai ‘composé’ la lettre à sa mère, d’un jeune soldat allemand qui, en juin 1940, découvre la France sous les hurlements des bombes et les affres de la guerre.

                          "Chère Maman,

Cet endroit est magnifique. La Loire est un fleuve d’une beauté et d’une variété extraordinaire, avec lequel aucun des nôtres ne peut rivaliser !

 On pourrait imaginer un instant ;

 En voyant ces rives verdoyantes où poussent les aulnes et les peupliers, bordant une eau d’un bleu de Prusse où, les poissons viennent semer leurs poussières d’or et d’argent ;

 En contemplant ces longues plages et ces îles blondes, comme tressées ensembles, chevelure de déesses, où les oiseaux volent par centaines ;

 En admirant le magnifique cerf qui, immuablement le soir, vient se désaltérer au grand cru de Loire, rougeoyant de soleil ;

 On pourrait imaginer qu’ici, tout n’est que douceurs sucrées, quiétude et joie de vivre et pourtant…pourtant, j’ai vu détruire presque entièrement, bombardée par les stukas et notre artillerie meurtrière, cette adorable ville de Gien, aux rues médiévales si pittoresques, et, à l’image de ses porcelaines précieuses, si fragile sous le feu…j’ai faillis dire ennemi !

 J’ai vu de l’autre rive, des gens courir, se jeter dans le fleuve, en un réflexe illusoire. L’eau ne protège que du feu terrestre, pas de la violence des bombes ni de la folie humaine ! Un pan entier du château, qui domine la Loire, s’est embrasé dans le soir, animant le pont de pierre, comme un funeste photophore de dentelle.

 Puis, nous avons dus partir par la route, notre régiment livrant bataille à ‘des terroristes’ à Sully sur Loire. Il nous a fallut une heure pour gagner cette ville, un peu moins pour briser toute résistance ennemie, sous le feu de nos armes..."

 Extrait du livre: " Mon année de sabbat/ de la LOire à COmpostelle tome1